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16 mai 2007 3 16 /05 /mai /2007 13:21
Arsène Lupin


Non, je ne vais pas vous parler de cet Arsène que vous avez probablement découvert à travers les séries (dont la plus fameuse était celle avec Georges Descrière) ou des films, non... Je vais vous parler de lui dont j'ai fait la connaissance par la lecture des romans de Maurice Leblanc, tellement différent, tellement magnifique que tous  les autres ne sont que de pâles reflets sans reliefs !

OUI ! Je vous conseille d'acheter les livres de Maurice Leblancs et vous aurez alors accès à un monde insoupçonné, bien plus fourni et passionnant que tout ce que vous pouvez déjà connaître. Vous redécouvrirez ce personnage, tout juste effleuré par le dernier film de Jean-Paul Salomé sorti en 2004 avec Romain Duris.





D'abord, quelques mots sur l'auteur...

Le père de Maurice Leblanc était armateur. Orphelin de mère, il a été mis au monde par le chirurgien Achille Flaubert, frère de Gustave. Il refuse la carrière que son père lui destine dans une fabrique de cardes et « monte à Paris » pour écrire. Il est d’abord journaliste, puis romancier et conteur (Des couples, Une femme, Voici des ailes). Il éveille l’intérêt de Jules Renard et Alphonse Daudet, sans succès public. En 1901, il publie L'Enthousiasme, roman autobiographique. Il fréquente les grands noms de la littérature à Paris : Stéphane Mallarmé ou Alphonse Allais.

En 1905, Pierre Laffitte, directeur du mensuel Je sais tout, lui commande une nouvelle : L'Arrestation d’Arsène Lupin - nom emprunté au conseiller municipal de Paris Arsène Lopin. Deux ans plus tard, Arsène Lupin est publié en livre. La sortie d’Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, mécontente Conan Doyle, furieux de voir son détective Sherlock Holmes ridiculisé. Maurice Leblanc s’est inspiré de l’anarchiste Marius Jacob, qui commit 150 cambriolages qui lui valurent 23 ans de bagne.

Radical-socialiste et libre-penseur, Leblanc s’embourgeoisa avec l’âge et la Première Guerre mondiale. Il aurait déclaré : « Lupin, ce n’est pas moi ! » Dès 1910, il tentera de tuer son héros dans 813, mais il le ressuscite dans Le Bouchon de cristal, Les Huit Coups de l’horloge, La Comtesse de Cagliostro, ...

Son œuvre inspira Gaston Leroux (Rouletabille), ainsi que Souvestre et Allain (Fantômas). Une Association des amis d’Arsène Lupin a été fondée ; elle est présidée en 2004 par Lydie Dabirand. Les exploits d’Arsène Lupin se déroulaient dans la capitale et dans le pays de Caux, qu’il connaissait bien : collectionneur de cartes postales, il avait recensé quatre cents manoirs entre Le Havre, Rouen et Dieppe. Les lupinophiles arpentent les lieux cités dans les intrigues de Leblanc en Normandie : Étretat et le trésor des rois de France, Tancarville, le passage souterrain de Jumièges devant mener au trésor médiéval des abbayes... La piste des sept abbayes du pays de Caux reliées entre elles dessineraient la Grande Ourse et permet de retrouver l’étoile d’Alcor.

Maurice Leblanc est enterré au cimetière du Montparnasse.






 

Mais encore...
http://www.scd.univ-paris3.fr/Textes/NDhouDEA/Intro.htm

La carrière de Maurice Leblanc a débuté bien avant les aventures d'Arsène Lupin. Leblanc s'essaie à l'art de la nouvelle avec le recueil Des Couples
en 1890, à celui du roman en publiant notamment Une Femme en 1893 ; mais aussi au théâtre avec une pièce comme La Pitié (1904). Il tentera même après la création du personnage d'Arsène Lupin de se démarquer de lui, en écrivant des romans comme Le Scandale du gazon bleu (1935). Issu de la bourgeoisie normande, Maurice Leblanc ne s'engage pas dans le négoce comme son père mais aspire à fuir la vie de province pour Paris. Il commence à écrire jeune en rêvant de devenir un auteur de la trempe de Maupassant ou de Flaubert, tous deux enfants de son pays. L'influence de ces deux auteurs se ressent en effet dans toute l'œuvre de Maurice Leblanc, qu'il s'agisse des aventures d'Arsène Lupin ou des autres romans. C'est pourquoi, Maurice Leblanc, s'il n'est pas naturaliste à proprement parler, laisse une large place à la psychologie et à l'analyse des caractères. Mais si sa carrière littéraire est aujourd'hui plutôt méconnue, c'est parce que c'est surtout en tant qu'écrivain populaire qu'il a fait preuve d'un talent tel que le nom de son personnage a acquis une plus grande renommée que la sienne. Même s'il connaît un certain succès antérieur à Lupin, c'est le 15 juillet 1905, avec L'Arrestation d'Arsène Lupin
que Maurice Leblanc va réellement rencontrer un public qui sera fidèle, peut-être plus au personnage qu'à son créateur.

Maurice Leblanc écrit pour le journal populaire Je Sais tout
et Lupin naît dans la culture du roman feuilleton qui a acquis ses lettres de noblesse grâce à Alexandre Dumas, Eugène Sue, ou plus récemment, Sir Arthur Conan Doyle. Ce genre romanesque touche alors un large public y compris issu des milieux bourgeois. Pour captiver ce public, l'auteur doit créer des aventures passionnantes, mais surtout un personnage intriguant et attachant que l'on retrouve d'une aventure à l'autre. Conan Doyle créa Sherlock Holmes ; Allain et Souvestre, Fantômas ; Maurice Leblanc, Arsène Lupin. Maurice Leblanc fait preuve d'un talent d'écrivain, certes, mais surtout d'imagination et de finesse dans l'exploration de son personnage. Le lecteur est introduit, dés la première aventure de Lupin, in médias res : le personnage a d'emblée la réputation d'un grand cambrioleur, attire déjà la foudre d'un ennemi farouche, en l'occurrence Ganimard, et pourtant, il est, immédiatement arrêté. L'ambiguïté d'Arsène Lupin prend aussi naissance dés sa première aventure puisque toute la narration est effectuée de son point de vue, c'est-à-dire que le coupable n'est autre que le narrateur. De quoi attiser la curiosité du public. Dés lors, le personnage d'Arsène Lupin suscite un engouement important et Maurice Leblanc devient en quelque sorte le Conan Doyle français, au grand désespoir de l'auteur français, qui pressent que, comme Holmes avec Conan Doyle, Lupin prend le dessus sur lui.

Arsène Lupin est un personnage de la belle époque, empreint du positivisme et de la frivolité ambiante du moment. Il se divertit sans cesse, n'agit que par goût du jeu ; c'est un individu léger qui aime l'art, le défi et les jolies femmes. A l'instar de Sherlock Holmes, il fait rire et sourire et entraîne son lecteur dans un univers qui se moque des lois et des convenances, et cela, toujours avec intelligence et finesse. Mais surtout, plus que ses homologues tels Holmes ou encore Fantômas, Lupin n'est pas hiératique dans le sens où il prend corps au fil des aventures, change, se remet en question, éprouve des sentiments humains et s'avère plus proche du lecteur anonyme que d'un détective infaillible. La réunion de tous ces éléments a fait de Lupin un personnage qui a plu et qui plaît encore. En effet, Poirot par exemple et son esprit déductif a fait sensation au moment de son apparition, il plaît encore aujourd'hui mais son talent est quelque peu désuet parce qu'il puise la solution de l'énigme dans une analyse psychologique qui apparaît aujourd'hui comme schématique, réductrice et rudimentaire. Lupin lui, illustre une légèreté et une désinvolture qui plaisent de tout temps parce qu'il se joue des limites que les hommes ont tracées, limites qui, si elles se transforment, existent et existeront toujours. De ce fait Lupin possède un caractère qui relève de l'universel : celui du défi.

Le personnage de Lupin a passionné et passionne encore aujourd'hui nombre de lecteurs, pourtant peu d'études complètes lui ont été consacrées. Mis à part le numéro 604-605 d'Europe
et le passionnant travail de François George (La Loi et le phénomène
), il nous semble qu'aucune étude n'épuise vraiment tous les aspects des aventures d'Arsène Lupin. Nombre d'articles sont parus dans la presse sur le gentleman-cambrioleur, certains travaux universitaires se sont penchés sur l'œuvre de Maurice Leblanc, mais aucune étude n'explore réellement toutes les facettes de l'œuvre ou du personnage. Hélas, nous ne dérogerons pas à cette règle, et limiterons notre travail à l'étude du personnage de Lupin, alors qu'il y aurait dans toutes les aventures du gentleman-cambrioleur bien d'autres aspects passionnants sur lesquels se pencher. De ce fait, nous ne prétendons pas combler un vide laissé par la critique jusqu'à aujourd'hui (c'est seulement en réunissant l'ensemble des études établies autour des aventures d'Arsène Lupin que l'on peut prétendre à une connaissance réelle du sujet).

Cependant nous avons retenu ici l'analyse du personnage littéraire d'Arsène Lupin qui se prête à une réflexion pouvant reposer non sur des théories de critiques ou sur des études antérieures, mais plutôt sur une approche sensible de l'œuvre (1). La problématique de notre travail résidera au fond sur une simple question : pourquoi nous, lecteurs, aimons-nous Arsène Lupin ? Il résultera de cette approche un travail forcément personnel et subjectif, mais il nous semble que c'est en abordant le personnage d'Arsène Lupin de manière sensible, qu'on peut le découvrir de la manière la plus juste possible. Ce qui nous a le plus frappé, c'est la contradiction qu'incarne Arsène Lupin : contrairement à Holmes par exemple, il est insaisissable, absent, et pourtant, comme le détective anglais, il a une réalité et une personnalité peu commune. C'est autour de cette contradiction que s'établira notre réflexion : nous verrons d'abord en quoi Arsène Lupin n'est personne, ensuite de quelle manière, à travers la quête et le duel, il devient quelqu'un.





Arsène Lupin, celui dont il fut l'ombre fidèle... à son grand désespoir parfois....

" Il me suit partout. Il n'est pas mon ombre, je suis son ombre. C'est lui qui s'assied à cette table quand j'écris. Je lui obéis. "


De tout temps, lorsque l'individu a cherché à s'élever au-dessus des lois, il a dû avoir recours à la violence et a été passible d'un châtiment infligé par la société quand ce n'est pas par Dieu lui-même (la fin de Don Juan en est l'illustration parfaite). Arsène Lupin va au-delà de l'ordre tel que le souhaite la société, mais sans violence, avec finesse et magie, et sans jamais être puni, sans en subir les conséquences, comme s'il lui avait été donné ce pouvoir fascinant d'oser au grand jour et avec éclat ce dont nous rêvons et refoulons : notre désir de transgresser l'ordre établi, de donner libre cours à ce que la psychanalyse appelle l'instinct de plaisir, opposé à l'instinct de réalité. La première caractéristique d'Arsène Lupin, nous l'avons vue, est d'être insaisissable et donc, invisible.

Chacun de nous a rêvé posséder ce don d'ubiquité et d'invisibilité qui permettrait de pouvoir commettre des actes que l'on ne pourrait pas nous imputer, et donc de transgresser, là aussi, l'ordre établi. D'autre part, parce qu'il tisse lui même les toiles de ses aventures, parce qu'il se montre ingénieux, entreprenant et invincible, Lupin atteint les hauteurs de la toute puissance qui nous fait rêver aussi. Mais là encore, tout est atténué : Lupin n'est pas un personnage qui profite de son invisibilité pour faire le mal, ni de ses capacités hors normes pour devenir un tyran ; il incarne un rêve modelé par la morale, c'est-à-dire qu'il utilise ses "dons" de manière à donner corps à nos rêves et non de changer le rêve en cauchemar. Enfin, et c'est sans doute là que réside la faculté de Lupin de nous faire vraiment rêver, il incarne une sorte d'éternité. Lupin en se réincarnant sans cesse mène plusieurs existences, plusieurs expériences, vit plusieurs vies. Il est donc, à la fois un personnage proche de nous parce qu'il vit dans le même monde que nous et parce qu'il incarne nos rêves, en même temps il est éloigné parce que lui réalise ces rêves, parce qu'il est fait de l'étoffe des rêves. "Il s'attribuait des droits à une destinée fantastique, en opposition avec la destinée de tous les hommes qui vivaient en même temps que lui", souligne son historiographe (La Comtesse de Cagliostro
, p. 156), parce que Lupin, fait sa vie en empruntant à nos rêves. Lupin est un être de défi ; il défie l'ordre, la raison, et se révolte ; le regard qu'il porte sur le monde est celui d'un enfant qui s'émerveille devant des trésors ou des légendes mais qui tente aussi de changer ce qu'il trouve injuste, indigne du monde auquel il aspire.

Tous nous avons senti en nous cette flamme de révolte et d'indignation mais nous l'avons souvent laissée s'éteindre, nous résignant à accepter une réalité, même sordide, tandis que Arsène Lupin est toujours en quête, en quête de lui-même, en quête d'un monde meilleur qu'il nous invite à partager avec lui. Mais c'est parce qu'il veut nous faire croire à ces rêves que Lupin souffre. Lupin doit être quelqu'un pour que nous puissions croire en lui, et en même temps il doit n'être personne ou alors ses traits le trahiraient et ne lui permettraient plus d'illustrer ce dont nous rêvons. De là naît la contradiction du personnage d'Arsène Lupin : il n'est personne afin de pouvoir n'être qu'un rêve, il est quelqu'un afin d'être le support d'un rêve. Arsène Lupin est comme l'esprit de la lampe d'Aladin (35), il est une essence de rêve, il peut réaliser chacun de nos désirs. Prisonnier de la lampe, il est malheureux ; libéré il est capable de combler chacun de nos rêves, mais lorsqu'il s'incarne en quelqu'un, il s'appauvrit parce qu'il doit chaque fois laisser une partie de ce qu'il peut réaliser de côté. Comme l'écrit F. George (36) : "Qu'est-ce qu'Arsène Lupin qu'un rêve qui devient réalité ?", mais il souligne par là même l'opposition nette entre deux concepts : si Lupin devient réalité, alors où est le rêve ?

Toute la difficulté qu'a Lupin de vivre et de se trouver réside dans cette contradiction : soit il n'est qu'une essence de rêve et nous ne pouvons pas nous y identifier, soit il devient quelqu'un et il nous plonge dans la réalité. C'est là que le talent de Maurice Leblanc se révèle car l'auteur parvient, exceptions faites d'aventures comme Le Triangle d'Or
, à maintenir toujours son personnage à un juste milieu, entre le rêve et la réalité. S'il n'était pas empli de contradictions, Lupin ne nous ferait pas rêver, au contraire son ambivalence est la clé même de son succès : il est tout à la fois ; cambrioleur mais gentleman, malfaiteur et justicier, rêve et réalité. Aucun individu ne peut allier en lui autant de facettes antagonistes, et c'est dans cela que Lupin puise son pouvoir de fascination.

En définitive, si Arsène Lupin reste le héros populaire français le plus connu aujourd'hui c'est parce qu'il est l'archétype de ce genre romanesque. Au moment où la littérature se veut proche du réel, où elle nous offre des tableaux de guerre ou de mœurs viciées, le roman populaire prend presque la forme d'une contestation. Il crée des personnages destinés à nous faire rêver, emplis de fantaisie au sens étymologique du terme, tout en les campant dans le monde réel afin de faciliter notre capacité à y croire. Sans doute Maurice Leblanc a-t-il été "submergé" par son personnage parce qu'il a placé en lui en même temps que ses propres rêves, les rêves d'une époque, les rêves de l'Homme. Arsène Lupin est un morceau de rêve, d'évasion, il est l'enfant d'une époque où il était doux de vivre, de se divertir, une époque où le rêve pouvait peut-être parfois, prendre des allures de réalité.








Les textes sont tirés du site : http://www.scd.univ-paris3.fr/Textes/NDhouDEA/Sommaire.htm
Je vous conseille un passage par là-bas si vous êtes passionné(e)s !!!!










 
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