20 août 2011
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Extrait 1 (avant correction par Voy'[el]) |
A ceux qui n'ont pas oublié leur rêves d'enfant (de l'auteur)
Parce que les enfants de Zorgos étaient nés, parce que l'éveil avait commencé, le temps de la première rencontre était venu. Destin pour l’initié, hasard pour le profane, elle scellerait néanmoins le sort de Tritarnia. Néant ou rédemption, quel qu'il soit, le destin choisi par la Kala originelle déploierait ses ailes très loin à travers l'espace et le temps. Néant ou rédemption, il n'y aurait qu'une légende pour leur montrer le chemin.
Tritarnia.
Ainsi se nommait cette petite galaxie annulaire lovée à deux dizaines d’années-lumière de sa grande sœur, « la Voie lactée ». L’unique cercle sur lequel elle égrainait ses quelques milliards d'étoiles concurrençait tout juste le tiers de son éternelle voisine. Ceci dit, hormis la taille, elle n’avait rien d’autre à lui envier.
Tritarnia était d’une rare beauté. Parfaitement sphérique, il émanait de son centre violine une lueur vert tendre, étrange et magnifique, dont la course immuable allait se fondre dans le rose pastel de sa corolle. Elle aurait dû, depuis longtemps, attirer l’attention des Territoires Unis au-dessus desquels elle étalait sa rondeur, mais aucun de ses membres ne se doutait de son existence. Le constat était curieux à une telle distance, minime, ridicule même sur l’échelle de l’univers.
Si elle était difficile à comprendre, l’ignorance de l’Union trouvait sa raison d’être dans une tragique et simple conséquence. Enveloppée dans une zone d'énergie inconnue, Tritarnia était la prisonnière d’un phéno-mène spatio-temporel qui la rendait invisible pour quiconque se trouvait à l’extérieur de ses frontières.
Et pourtant… La puissance de ce qui les séparait aujourd’hui pourrait, peut-être, un jour les réunir.
Mais le temps n’était pas encore venu.
La vie sur Tira, capitale de la planète Tor située à égale distance entre la bande d'énergie et le centre de Tritarnia, s'écoulait paisiblement. L'ar-chitecture de la cité était des plus variées, entre la maison en rondin et toit de paille et les édifices majestueux, brillants comme du cristal. Les charrettes, nombreuses, parcouraient ses rues, parfois survolées par une navette de terre, dont la présence ne semblait déranger personne. Si le spectacle paraissait normal pour un Tritarnien, il avait de quoi dérouter le visiteur.
Observer les alentours de la ville suffisait pour se rendre compte com-bien les anachronismes étaient légion. On y découvrait des routes d’asphalte, un temple issu des fruits d’une haute avancée technologique, un paysan qui labourait son champ aidé d'une charrue tractée par des boviars, tandis qu'au milieu des bois un chasseur tuait un ours à la cara-bine laser. Juste de l'autre côté de la forêt, dans la tiédeur de cette fin de journée d'été, le sifflement du train ultrarapide, chargé de relier les deux plus grandes agglomérations du conté, fit sursauter un vieux fermier qui somnolait tranquillement sur son chariot de foin avant que son cholac n'accélère le pas, comme réveillé lui aussi.
Cette étrange cohabitation de siècles disparates en une seule et même civilisation hantait la galaxie avec plus ou moins d’évidence sans que cela choque pour autant ses habitants. Ils avaient toujours vécu ainsi, alors pourquoi devrait-il en être autrement ?
Le tintement clair d’une cloche annonça le terme d'un après-midi stu-dieux. Au bout d’une rue poussiéreuse de Tira, une bande d'enfants sortit en courant de la cour d'une école, heureux de cette liberté retrouvée.
— Je vais chez Sarod ! cria l'un d'eux. Qui vient avec moi ?
— Moi ! répondirent en cœur une dizaine de voix.
— Alors c’est parti ! lança le jeune garçon, entraînant par un geste de la main une meute de gosses hurlants et riants derrière lui.
Assis à l'ombre d'un arbre, à l’écart de la cité, un homme aux tempes grisonnantes fumait une pipe, savourant avec délice la tranquillité des lieux. Ce calme serein et méditatif ne put malheureusement rien contre l’enthousiasme d’une jeunesse dont les cris joyeux s’élevaient au-dessus d’un sentier tortueux. Tiré de ses pensées, Sarod tourna la tête puis sourit à la vue des enfants qui couraient vers lui.
— Que me vaut l'honneur de votre visite ? demanda-t-il, cerné en quelques secondes.
— On veut une histoire ! répondit la quinzaine d'enfants à l'unisson.
Sarod caressa le bout de sa barbe puis, après les avoir tous regardés, acquiesça d’un air faussement sérieux. Sans plus un mot cette fois, chacun prit place autour de lui avant de le fixer avec intérêt.
— Je vais vous parler de notre galaxie, proposa-t-il en s’installant au milieu du groupe.
L'histoire de Tritarnia était probablement celle qu'il connaissait le mieux. Depuis tant d’années, il la racontait à tous ceux qui voulaient bien l'écouter. Il l’avait lui-même apprise d'un vieil homme auquel, comme ces enfants aujourd'hui, il rendait visite régulièrement. Subjugué par ce passé fascinant, il avait plus tard poussé ses études et était devenu un Shamar de Zorgos.
— En des temps bien lointains désormais, la civilisation de nos an-cêtres était très différente de la nôtre. Leur niveau de technologie avait vidé le mot « impossible » de tout son sens. Leur suprématie les amena à coloniser d’autres galaxies, découvrir de nouvelles dimensions, voyager dans le temps aussi facilement que nous nous déplaçons entre deux villes. La maladie, la vieillesse n'étaient plus que de mauvais souvenirs. Désireux d’élargir leurs connaissances, poursuivit-il face à un auditoire suspendu à ses lèvres, ils décidèrent de se concentrer sur quelque chose de moins « palpable » : leur esprit. Ils en étudièrent les mystères et les capacités, ils firent tout pour en devenir les maîtres. À nouveau, en ce domaine comme dans les autres, ils allèrent très loin, trop peut-être bien… Évidemment, ils pouvaient communiquer sans avoir besoin de prononcer une parole, traverser espace et temps par leur seule volonté, déplacer des objets plus gros qu'une maison sur une simple impulsion de l'esprit, mais étaient-ils vraiment prêts pour cela ? Malheureusement non. L’accès à ces puissances occultes se révéla prématuré. Fascinés par cette force à laquelle rien ne pouvait résister, ivres de pouvoir et d’orgueil, beaucoup finirent par se considérer comme des dieux vivants.
Sarod laissa échapper un soupir avant de reprendre sa narration. Il ex-pliqua que deux clans avaient peu à peu émergé au-dessus d’une popula-tion qui, dans sa majorité, hésitait sur la voie à choisir. Devaient-ils s’imposer comme une sorte de divinité par le contrôle de tout être vivant moins évolué ou devaient-ils se contenter de poursuivre leur propre évo-lution intellectuelle et spirituelle tout en aidant au mieux ceux qui n’avaient pas encore atteint leur niveau ? Face au camp des défenseurs d’une vision hégémonique de leur race, face à leur fanatisme agressif, ceux qui pensaient qu’oser se prendre pour des dieux était une aberration du-rent montrer leur opposition par des actes concrets après avoir essayé le combat des idées.
Cinq mille ans tritarniens plus tôt, cet affrontement prit ainsi une tournure dramatique. Zorgos, un homme au sommet du savoir scienti-fique et mystique, érigea la Kala, une machine étrange, capable de mani-puler les forces de l'univers et d’en offrir le contrôle aux êtres humains. Bien évidemment, celui qui devenait le maître était assuré d'une puissance inimaginable. La promesse tenta beaucoup de ceux qui ne rêvaient que de conquêtes et de pouvoir. Elle inspira surtout Dargos, le guide de ce clan composé d’hommes et de femmes qui se considéraient comme suffisam-ment exceptionnels pour mériter une place comparable à celle des dieux. Ce dernier mit tout en œuvre pour s’en approcher. Le temps dont il avait besoin était assez court. Il savait qu’il lui suffirait d’un contact pour en obtenir ce qu’il désirait. Puissant, tenace et rusé, il finit par arriver à ses fins malgré la vigilance de son rival et de ses partisans. Persuadé que le potentiel de cette machine extraordinaire pouvait être démultiplié si on osait dépasser le stade du « simple utilisateur », il se débrouilla alors pour se connecter directement à l’énergie vitale de la Kala, la nafsi.
Face à cette intrusion, Zorgos avait réagi extrêmement vite. Grâce à quelques alliés infiltrés dans le camp adverse, il put intervenir à temps et stopper l’expérience avant la fin du cycle complet, interdisant à son en-nemi de parvenir à la symbiose parfaite à laquelle il aspirait. Malgré ce succès, le mal était malheureusement fait : Dargos avait reçu une puis-sance effrayante dont il usa bientôt sans retenue. Sous son impulsion, une guerre fratricide s’engagea entre les deux clans. Par elle, il espérait pouvoir rapidement prendre le contrôle de la galaxie, mais pas seulement. Il vou-lait aussi récupérer la Kala et terminer ce qu’il avait commencé. Très vite, le feu de cet affrontement démesuré embrasa Tritarnia, puis la Voie lac-tée, sa sœur et voisine, colonisée depuis longtemps.
Sarod jeta un coup d’œil circulaire sur ces garçons et filles qui le fixaient d’un regard brillant d’intérêt avant de reprendre :
— Entre les alliés de Dargos et ceux de Zorgos, ce ne fut pas une guerre ordinaire, loin de là. Chacun des deux camps utilisa l'arme la plus destructrice jamais inventée : l’esprit. Attisé par la haine qui régnait dans leur cœur, leurs savoirs, leurs pouvoirs ne leur servaient désormais plus qu'à une seule chose, détruire encore et encore. Des milliers de planètes explosèrent, des milliards d'êtres vivants périrent par la folie de ceux qui se croyaient des dieux et qui moururent pourtant comme des hommes.
Pris de passion pour son histoire, il s'était levé, gesticulant et parlant avec force au milieu de son auditoire fasciné. Peut-être surpris par sa propre exubérance, il se tut un instant puis, après avoir plongé son regard dans ces dizaines de paires d'yeux hypnotisés par ses talents de conteur, il s’assit à nouveau.
— Eh oui mes petits, que de folies nos ancêtres ont commises, pour-suivit-il d'un ton plus posé. Même s’il ne possédait qu'une partie du pou-voir absolu qu'il convoitait, Dargos faisait de tels ravages que Zorgos dût se résoudre à se connecter à son tour avec l’énergie de la Kala afin de le contrer.
L’expérience s’avéra une totale réussite. Détenteur d’une puissance in-calculable, il l’utilisa pour mettre un terme à ces combats insensés d'une manière tout aussi déraisonnable. Les partisans les plus fanatiques et les plus virulents de Dargos furent exterminés. Par sa symbiose avec la Kala, Zorgos parvint même à atteindre ceux qui se trouvaient dans la Voie lactée. Terrifiés par la démonstration de force, les deux clans cessèrent la lutte, les laissant, lui et Dargos, s’affronter seuls. Il y eut plusieurs « duels » retentissants avant que son rival ne disparaisse. Pour sa part, s’il mourut peu après, il eut le temps de découvrir les conséquences de ses actes.
— La légende dit que la Kala s’était vengée, expliqua Sarod, et qu’elle aurait probablement poursuivi le châtiment par l’anéantissement de Tri-tarnia si elle n’avait pas été désactivée au dernier moment.
Mais la punition était là. En contrecoup de sa colère, la galaxie avait basculé dans une sorte de vide spatiotemporel. Seuls les ultimes effluves de la nafsi, lentement diffusés depuis ce funeste jour, préservaient désor-mais Tritarnia de la destruction totale. À l’intérieur de ce cocon, le temps s'écoulait quatre fois moins vite que dans le reste de l'univers, mais pour ses habitants, rien ne changea réellement.
— Nous flottons depuis entre deux dimensions, partout et nulle part à la fois. C’est un peu comme si les dieux avaient décidé de nous rappeler que nous n'avions pas le droit de traiter d'égal à égal avec eux, que ces puissances mystérieuses que l'on convoitait tant étaient loin de nous être asservies et que nous avions encore beaucoup de difficultés à discerner le bien du mal. Il était temps que nous redescendions du piédestal sur lequel nous nous étions dressés avec tant d'audace et en toute imposture.
— On est vraiment prisonnier ? s’inquiéta l'un des enfants.
— Prisonnier est peut-être un mot un peu trop radical. Après le cata-clysme, quelques savants ont construit des vaisseaux capables de traverser ce champ de force, mais il n’en reste plus beaucoup en état.
— Et qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? demanda une petite fille d'un ton impatient.
— Eh bien, notre civilisation a cessé son évolution, répondit Sarod.
Ou plutôt, elle l’avait poursuivie, mais dans le sens inverse. C’était une lente régression qui s’était mise en marche. Les pouvoirs occultes avaient été les premiers touchés. Dégoûtés par les souffrances et la mort qu'ils avaient apportées, leurs ancêtres les avaient très vite oubliés. Seuls les Shamars et les Grands Prêtres continuèrent à les entretenir du mieux qu’ils le purent, car finalement, utilisés pour le bien, ils pouvaient être très bénéfiques.
— De toute façon, commenta Sarod, ils sont en nous, ils font partie de nous, c'est à chacun de savoir s'il veut les développer ou pas.
Ce fut ensuite au tour de la technologie de régresser. De siècle en siècle, leurs ancêtres ne surent plus comment construire certains appareils, puis comment les réparer, et enfin, comment les manipuler. Peu à peu, ils finirent par ne plus rien comprendre à ce savoir venu du fond des âges. Là encore, il ne resta bientôt plus, pour sauvegarder un peu de connais-sance, que les Shamars et les initiés. Même les Grands Prêtres avaient presque tous disparu. Il n'en subsistait plus que deux, leur maître à tous Yodos et la Grande Prêtresse de Tyrus, Liksan.
— Qu'est devenue la Kala ?
— Avant de mourir, Zorgos a pris soin d’en disséminer les parties les plus importantes entre Tritarnia et la Voie lactée.
Parmi eux, il y avait les sept fondamentaux, mais la légende faisait part d’autres éléments nécessaires pour éveiller la Kala : « le cœur de Zorgos » et les trois clés. Pour le « cœur », beaucoup pensaient qu’il s’agissait du diamant couleur violine conservé depuis la nuit des temps dans le sanc-tuaire de Xar, sur la planète Dran. Ces rumeurs étaient nées après que des faits étranges se furent produits autour du temple. Personne n’avait pu y pénétrer depuis longtemps. La peur devait y être pour beaucoup, mais on préférait dire que des forces inimaginables protégeaient cet endroit. On allait même jusqu’à évoquer l'âme de Zorgos lui-même.
— Alors notre galaxie va rester comme ça ?
— Hélas oui, répondit-il dans un soupir, et elle finira par s’autodétruire. Mais la Kala sera retrouvée à temps, j’en suis certain, assu-ra-t-il en voyant leurs regards inquiets posés sur lui.
Réactiver la Kala représentait leur unique espoir, l’unique moyen d’inverser le processus. Un jour ou l’autre, ils y arriveraient, il en était persuadé. Sa croyance, contrairement à la majorité de son peuple, ne plongeait pas ses racines dans les vieilles légendes tritarniennes censées décrire la manière dont cela se produirait. Il faisait un peu office d’être à part, même parmi les Shamars, préférant le savoir scientifique aux his-toires que l’on raconte aux enfants, le soir, à la lumière d’une bougie.
Hésitant entre superstitions et faits, sa confrérie s’était lancée il y a déjà bien longtemps dans la quête des éléments seuls capables de redon-ner vie à l’œuvre de Zorgos. Des existences entières de Shamars et de Grands Prêtres avaient été offertes à l’étude du sujet. Ismar, le Guide suprême décédé voici peu, avait beaucoup fait avancer leur cause. Se-condé durant ses deux dernières années de recherche par un Shamar issu d’une lointaine contrée de Tritarnia, il avait pu leur dévoiler la nature probable de certaines de ces parties si précieuses. Les sept fondamentaux seraient des sphères de cristal aux couleurs irisées et parmi les trois clés, il y aurait « les enfants de Zorgos », seuls êtres ayant le droit, par décision de son créateur, de réveiller la Kala.
La nouvelle avait donné un nouveau souffle à leur quête moribonde depuis des années. Elle s’avéra un cadeau inestimable, au point d'ailleurs qu’Ismar avait décidé de remercier celui qui l’avait tant aidé en lui décer-nant le titre de Shamaran. Cela faisait de lui son successeur officiel, un grand honneur pour un Shamar inconnu avant cela.
— Nous cherchons et nous trouverons mes enfants, soyez-en sûrs, as-sura Sarod d’un ton qui se voulait convainquant.
— Ben moi, mon papa y dit qu’il n’y a que le Shaxar qui pourra les re-trouver ! affirma vigoureusement une petite fille.
Il sourit. La légende, encore.
— Bien, il se fait tard ! Vous devriez rentrer chez vous avant que vos familles ne commencent à s'inquiéter.
Sarod les regarda s'éloigner d'un air songeur. Il savait que ces enfants avaient compris le message de son récit, mais il savait aussi qu'ils l'oublie-raient comme leurs parents l'avaient oublié avant eux. Il avait pourtant l'espoir que l'un d'entre eux, comme lui il y a vingt ans, déciderait de de-venir Shamar et reprendrait le flambeau. Mais combien de temps encore les Shamars existeraient-ils ? Il ne leur avait pas dit toute la vérité. Leur galaxie était condamnée à brève échéance et ceci était malheureusement un fait scientifique.
— Il reste si peu de temps…, murmura-t-il, le regard fixé sur l’horizon.
La douceur de cette fin de journée offrait un spectacle de senteurs et de couleurs si loin de ce funeste avenir. Perdu dans ses pensées, ce fut la voix angoissée d'une femme qui le ramena brutalement à la réalité.
— Monsieur, venez vite, Madame accouche et ça ne se passe pas bien, criait Tila, la vieille domestique de la famille.
La nouvelle ne le surprit qu’à moitié. Après des années d'attente, alors qu'ils avaient fini par abandonner tout espoir, Siria était tombée enceinte. Ils avaient cru à un cadeau de la vie avant que la joie ne s’efface peu à peu devant une grossesse difficile. La santé de son épouse s’était très vite dégradée. Bien qu’elle soit restée résolument optimiste, heureuse de réali-ser son rêve, lui se demandait si tant de souffrance avait un sens.
— J’arrive ! lança-t-il en se levant prestement.
Il la rejoignit au pas de course puis poursuivit vers la maison sur le même rythme, l’entendant à peine lui dire que le médecin se trouvait déjà auprès de sa femme lorsqu’il passa devant elle. Trop rapide pour ses vieilles jambes, la servante se contenta de le suivre de loin, se lamentant et marmonnant sans cesse « Oh dieux tout puissants » en secouant la tête.
Sarod gravissait quatre à quatre les marches qui conduisaient à l’étage lorsque des pleurs d'enfants parvinrent jusqu'à lui. Galvanisé, il accéléra la cadence et s'engouffra dans la chambre à coucher. La porte à peine dépassée, la première chose sur laquelle son regard tomba fut un berceau garni de deux adorables bambins.
— Je suis désolé, confia le médecin d'une voix grave, mais je n'ai rien pu faire pour Siria.
Sarod tourna la tête vers le lit où le corps de son épouse avait été re-couvert d'un drap. Il hésita, le cœur oppressé par le chagrin et l’angoisse, puis finit par s’avancer. Doucement, il dégagea son visage. Il le contempla un long moment avant d’y déposer un baiser, tandis qu'une larme glissait le long de sa joue.
— Tu vas tellement me manquer, laissa-t-il échapper dans un souffle.
Il la fixa quelques secondes encore puis reporta son attention sur le berceau, le cœur lourd. Un petit garçon et cette petite fille y dormaient d'un sommeil d'ange, inconscients du drame qui venait de frapper. L'es-prit embrouillé par la douleur d'avoir perdu sa compagne et la joie d’être père, Sarod eut du mal à s’approcher des deux enfants.
— Bienvenue en ce monde, murmura-t-il finalement en effleurant leurs fronts de ses doigts.
« La présentation »
Sarod leva les yeux vers l’imposant porche du temple. C’est la deu-xième fois qu’il le franchirait aujourd’hui. Le matin même avait eu lieu la cérémonie d’adieu en l’honneur de Siria, maintenant, il devait s’occuper de ses enfants.
La coutume, issue du commandement ancestral de Zorgos, était très stricte. Chaque nouveau-né devait être présenté aux dieux dans la se-maine suivant sa venue au monde. Il avait encore plusieurs jours devant lui, mais Sarod avait préféré en finir tout de suite avec ce protocole incontournable. Il pourrait ainsi, sans arrière-pensées, s’éloigner de Tira et de ses obligations de Shamar pour quelques semaines, le temps de venir à bout d’un défi de taille : faire le deuil de son épouse tout en accueillant ses enfants dans sa vie.
Sarod ressentit un grand soulagement en découvrant le temple vide. Il ne se sentait pas le courage de discuter, une fois de plus, du drame qui venait de le frapper. D’un pas tranquille, il se dirigea vers le fond de la bâtisse, faisant doucement balancer les deux paniers où dormaient son fils et sa fille. Arrivé devant l’autel de pierre noire qui surplombait la salle de cérémonie, il déposa sa charge sur le sol.
L’un après l’autre, il souleva les enfants qu’il installa délicatement au creux d’une vasque sphérique d’imposante dimension. Ayant assisté à la scène des dizaines de fois, il leva les yeux vers le renflement du plafond d’où il savait qu’un fin rayon bleuté émergerait lorsqu’il poserait les mains sur le panneau tactile. Il suivit sa course vers l’autel, lente et silencieuse, sans vraiment y penser. Il avait juste envie que cela se termine. Mais rien ne se passa comme prévu.
Les nouveau-nés à peine effleurés par l’onde bleutée, le bassin se mit à briller d'une lumière aveuglante. Incapable d’en soutenir la puissance, Sarod dut reculer, les bras levés devant le visage. Devant lui, sans qu’il le sache encore, la coupe se scinda en deux parties égales qui s’écartèrent l’une de l’autre, emportant chacune un enfant. Lorsqu'elles se stabilisè-rent, la lumière disparut, brutalement.
Sarod put enfin se retourner. Il découvrit alors avec stupeur une nou-velle coupole, petite et translucide. Au milieu de cet écrin, deux penden-tifs de forme ronde se trouvaient soigneusement disposés, deux penden-tifs garnis d'un même dessin constitué d'une bordure de sept points ar-gentés avec, en leur cœur, un hexagone doré. Posée juste en dessus, une sorte de plaque oblongue, bombée en son centre, s’illuminait sur un rythme régulier.
— C’est pas possible…, murmura-t-il, incrédule, en l’effleurant des doigts.
L’objet s’ouvrit aussitôt en deux, le faisant sursauter. Une image appa-rue, hologramme saccadé qui dévoila le buste d’un homme puis une ronde de mots.
« Le Shaxar s’éveillera bientôt, qu’il soit donc retrouvé pour guider les enfants de Zorgos vers le destin de leurs ancêtres »
— Les enfants de Zorgos, répéta Sarod, tel un automate.
Était-ce donc la réalité ? Les enfants dont il avait depuis si longtemps souhaité la naissance feraient partie de ceux de la légende ? Il cherchait encore à l’éviter, mais cette phrase, cette image, ces colliers posés devant lui étaient la seule explication possible. Il ferma les yeux, le front barré par l’inquiétude. Cette découverte ne le remplissait pas que de joie, loin de là. Il avait peur d’un homme.
Très peu de temps après son accession au rang de Grand Prêtre, Yo-dos avait retiré aux Shamars le droit de poursuivre la quête, prétextant leur incompétence. Parce qu'il était puissant et bien entouré, les opposi-tions furent rares. Tout ce qui touchait à Zorgos passa très vite sous son contrôle, faisant naître des rumeurs diverses. La recherche des fondamen-taux ne constituerait pas son unique but. Yodos tenait aussi et surtout à retrouver les enfants de Zorgos, les seuls être en mesure de réveiller la machine ancestrale. Pour cette chasse très spéciale, il aurait engagé des hommes peu recommandables.
Leur Grand Prêtre voulait-il réellement sauver Tritarnia ? La réponse résonnait de la même manière dans l’esprit de beaucoup de Shamars : c’était pour lui et pour lui uniquement que cet homme cherchait à s’approprier la puissance des anciens. Le soupçon était aussi grave que le peu d’estime qu’ils pouvaient lui porter, sentiment plus tranché encore en ce qui concernait la Grande Prêtresse de Tyrus. Dès le début, elle s’était inquiétée, outrée de le voir se préoccuper davantage de son sort personnel que de celui de Tritarnia.
— Décidément…, murmura Sarod en secouant la tête, votre arrivée en ce monde est bien compliquée…
Il n’avait pas le choix. S’il voulait les protéger de Yodos et de ses sbires, il lui faudrait les éloigner le plus possible l'un de l'autre. Mais la décision restait difficile. Il venait de perdre Siria et devait maintenant se séparer de ses enfants. Cette simple idée lui déchirait le cœur. Il avait beau se répéter que c’était pour leur bien, que ces deux petites vies devaient être mises à l’abri, cela ne lui apportait aucun réconfort.
Il ferma les yeux et prit une profonde inspiration avant de s’emparer des colliers. Sans plus réfléchir, il les passa autour du cou des nouveau-nés puis retourna vers sa voiture au pas de course.
Il roula vite mais sans excès jusque devant sa maison. Il ne fallait pas attirer l’attention.
— Kirod ! appela-t-il en franchissant la porte d’entrée. Kirod, où es-tu ?
— Ici monsieur ! répondit en écho la voix grave d’un géant de deux mètres.
— Kirod, je veux que tu emmènes Shana dans le temple de Tyrus et que tu la mettes sous la protection de la Grande Prêtresse Liksan, ordon-na le Shamar en lui tendant le nourrisson emmitouflé dans une couver-ture. Elle en comprendra la raison en voyant le pendentif de la petite. Kirod, reprit-il en le fixant droit dans les yeux. Je te la confie… veille sur elle comme sur ton propre enfant jusqu’à ce que je puisse vous rejoindre, termina-t-il en reculant d’un pas.
Kirod considéra ce petit être endormi au creux de ses bras d’un air cir-conspect.
— Vous voulez vraiment vous en séparer ? se permit-il de demander, les sourcils froncés.
— Si seulement je pouvais faire autrement…, murmura Sarod avec af-fliction. Mais il vaut mieux que ces deux-là soient le plus loin possible l’un de l’autre pour l’instant…
Kirod finit par accepter d’un mouvement de tête, même s’il avait en-core du mal à comprendre ce qui se passait. Sa famille servait les Shamars de la cité depuis toujours, alors qu’importe qu’il saisisse ou non la raison de ce choix. Il devait juste faire de son mieux pour le satisfaire.
— Vous pouvez compter sur moi.
Ne prenant que le temps de seller un cholac, il quitta la maison et dis-parut dans la nuit. Sarod le regarda s’éloigner le cœur lourd. Il avait beau essayer de la tenir à distance, cette sensation d’abandon était tenace. Reverrait-il un jour sa fille ? Rien n’était moins sûr. Une seule chose le rassurait : Kirod avait toute sa confiance. Il avait peut-être plus de muscles que de cervelle, mais Sarod savait qu'au besoin, il protégerait Shana au péril de sa vie.
Perdu dans ses pensées depuis quelques minutes, il fut ramené à la réa-lité par des pleurs d'enfant.
— Tu as raison, laissa-t-il échapper dans un souffle en reportant son attention vers son fils. Il est temps que je m’occupe de toi.
Après Shana, c’était maintenant au tour de Djaris d'être mis à l’abri des ambitions du Grand-Prêtre. Sarod réajusta la couverture sur l'enfant puis quitta le perron et regagna sa navette personnelle.
Il prit la direction du seul autre édifice religieux de la région, un bâti-ment qui servait deux fois par an pour les fêtes d’équinoxe. Ils étaient très peu à être dans la confidence, secret de Shamars jalousement gardé. Même les familles nobles et influentes avaient été tenues à l’écart de ce petit trésor de technologie.
L’aspect anodin de ce lieu de culte mineur perdu au milieu de nulle part avait aidé, depuis bien longtemps, à conserver l’ignorance sur ce qui reposait entre ses entrailles. Malgré son âge, jamais encore Sarod n’avait réellement usé des prérogatives que lui accordait le titre de Shamar. Il s’était toujours senti mal à l’aise avec ce concept, mais aujourd'hui, il était bien décidé à transgresser ses propres règles. Il le fallait pour préserver son fils, aussi n’hésiterait-il pas à utiliser l’unique vaisseau spatial de Tor capable de traverser la zone d'énergie mortelle.
Yodos était puissant, à tellement d’égards d’ailleurs, que seuls la discré-tion et l’éloignement pouvaient servir la cause de ses enfants. Sarod en était certain : plus il y aurait de distance entre Shana et Djaris, plus ils seraient en sécurité. Ce constat l’avait amené à une simple conclusion, acceptée malgré son extravagance : quitter Tritarnia et rejoindre la Voie lactée… Et dire qu’hier encore, il vivait une existence banale et paisible.
Au fil des étapes qui devaient le conduire au spatioport souterrain, Sa-rod sentit monter en lui comme des bouffées d’excitation. De par sa fonction, il avait déjà eu l’occasion de quitter Tor. Il était même sorti du système solaire pour se rendre à des cérémonies importantes, mais la comparaison s’arrêtait là.
Ses mains tremblèrent lorsqu’il s’empara des commandes manuelles. Il se força à se concentrer sur les procédures à suivre tandis que l’appareil glissait le long d’un couloir qui le libérerait bientôt tout en haut d’une falaise. Difficile pourtant d’évincer le tumulte de ses pensées. Sa respira-tion se fit plus courte à l’instant où la lumière du jour l’aveugla, coincée par cette boule dans le ventre qui prenait toujours plus de place.
Il allait franchir la mythique frontière... Cette phrase avait tendance à devenir obsédante. Il fit de son mieux pour garder ses distances avec cette part de lui enthousiasmée par l’aventure. Le chemin s’annonçait encore long et même s’il était désormais peu probable qu’on puisse l’empêcher d’atteindre son but, il restait une inconnue de taille : ce vaisseau résisterait-il ? Il y avait bien longtemps que ses voyages s’étaient limités à passer d’un système solaire à l’autre et la maintenance technique laissait à désirer.
— Enfin, murmura-t-il en programmant les coordonnées de destina-tion, on verra bien.
La sortie d’hyperespace se déroula à proximité de la barrière. Impos-sible de traverser ce secteur par l’un des couloirs de la vitesse supralumi-nique à cause de la distorsion de temps qui séparait le point de départ et celui d’arrivée. À partir de maintenant, Sarod devait prendre les com-mandes manuelles de son appareil.
Il fixa longuement la lueur vert tendre dont semblait se parer le reste de l’univers au-delà de cette limite. Cette impression était due à l’énergie dispersée en continu par la fracture qui retenait Tritarnia prisonnière. Le spectacle était magnifique, mais Sarod savait qu’il était à la mesure du danger qu’il représentait.
— Zorgos, protège-nous, murmura-t-il juste avant d’enclencher les photopropulseurs.
Le vaisseau commença à grincer à la seconde où il pénétra dans la zone tampon. Mis à rude épreuve, les déflecteurs affichèrent très vite une faiblesse dangereuse. Libres de s’immiscer jusqu’au cœur du réseau bio-informatique, les annonces de dysfonctionnement tombèrent bientôt en cascades sonores et lumineuses.
Le système de climatisation fut le premier à s’arrêter, laissant l’atmosphère se réchauffer au rythme de la pression exercée sur la coque. La chaleur devint rapidement infernale. Bien trop occupé à maintenir le cap coûte que coûte, Sarod n’y prêta que peu d’attention, oubliant par là même combien les conditions pouvaient être également difficiles pour son fils. Pris de suffocation, Djaris s'en plaignit à sa façon, mais ses cris mêlés de pleurs ne pouvaient se faire entendre au milieu de la folie am-biante.
La situation ne fit d’ailleurs qu’empirer. À mi-distance, une série de vi-brations parcourut le vaisseau de manière désordonnée. La violence de ces tiraillements finit par détacher une plaque du revêtement extérieur au niveau des cales. Fort heureusement, le système de sécurité automatique était encore opérationnel, verrouillant les secteurs endommagés par des sas hermétiques, ce qui empêcha l’appareil de se disloquer.
Sarod crut à plusieurs reprises ne jamais pouvoir arriver au bout de cette traversée chaotique. L’annonce de la sortie imminente de la zone aurait ainsi pu être une bonne nouvelle, mais c’était sans compter sur un dernier baroud d’honneur.
À l’instant où le vaisseau quitta « le monde de Tritarnia », il stoppa brutalement puis enchaîna sur une violente accélération. Projeté en avant, Sarod sentit la morsure des ceintures dans les épaules et le ventre, avant d'être écrasé contre son siège. Le passage de l’un à l’autre s’avéra un choc si brutal qu’il en perdit conscience. Tout aussi malmené, l’appareil pour-suivit sur sa lancée dans une simple dérive, privé de ses photopropulseurs tombés en panne.
Sarod reprit connaissance dans un sursaut. Sa première pensée fut pour son fils. Tenaillé par l’angoisse, il se précipita sur le siège où il avait attaché le berceau de l’enfant.
— Tout va bien, murmura-t-il dans un souffle après avoir posé sa main sur la poitrine de Djaris.
Il avait eu si peur que ses jambes se mirent à trembler, l’obligeant à s’asseoir sur le sol. Il n’arrivait pas à y croire. Son fils dormait paisible-ment, comme si rien ne s’était passé. Maintenu au landau comme il l’avait été lui-même au siège du pilote, l’enfant aurait dû logiquement subir les mêmes maltraitances, pourtant il ne semblait pas avoir souffert. Sarod prit une profonde inspiration puis sourit, convaincu que les dieux veillaient sur son fils.
— Bon, voyons où en est ce tas de ferraille, se dit-il en se relevant.
Il passa en revue les instruments et évalua les dégâts. Par chance, les propulseurs de secours avaient été épargnés et le vaisseau était en mesure de reprendre sa route. Sarod ne put, néanmoins, s’appuyer que sur les commandes manuelles. Une grande partie du réseau bio-informatique avait été mis hors circuit et il était bien incapable d’effectuer la moindre réparation.
— Allez, on va y arriver, se répéta-t-il en boucle, comme pour conjurer le sort.
Tenant tant bien que mal le contrôle d’un appareil en piteux état, il ré-ussit à atteindre la frontière des Territoires Unis après un saut en hype-respace très aléatoire.
Ce passage aurait dû le soulager d'un énorme poids. Il avait réussi à re-joindre la Voie lactée, envers et contre tout. Le sort en décida malheureu-sement autrement. Le vaisseau venait à peine d'entrer dans l'amas galac-tique quand l'ordinateur de bord se retrouva coupé du réseau par un court-circuit de trop. Comme si cela ne suffisait pas, affaiblie par sa tra-versée mouvementée de la zone d’énergie, la coque laissa échapper l’air de l’habitacle.
Sans oxygène point de survie. Sarod en était conscient, tout comme il savait qu’il devait agir avant que le manque progressif n’engourdisse son esprit. Privé de l’aide de l’ordinateur central, il devrait engager la procé-dure d’expulsion de la capsule de secours de façon manuelle, depuis les soutes de l’appareil. Cela impliquait deux choses : le faire pendant qu’il était en possession de tous ses moyens et laisser son enfant partir sans lui.
Sans perdre de temps, il prit son fils dans ses bras et se précipita à l’étage inférieur. Sur le même rythme, il enclencha le système qui devait compléter les réserves d’air et d’énergie de la capsule, déverrouilla le sas puis déposa le petit garçon toujours endormi.
— J’aurais tant aimé te connaître, murmura-t-il en caressant la tête de son fils dans un geste d’adieu.
Le signal sonore indiquant que l’appareil de survie était prêt le fit presque sursauter. Le cœur lourd, il actionna la balise de détresse et re-ferma le sas. Après avoir regardé une dernière fois ce qui était devenu une bulle parfaite d’un blanc nacré, il rejoignit le panneau de contrôle et enga-gea la procédure d’expulsion. Libéré de ses entraves, l’engin se retrouva aussitôt aspiré dans un tube de propulsion puis éjecté dans l'espace.
Une heure à peine après son départ, l’appareil de survie fut repéré et récupéré par un cargo marchandise. Presque en même temps, une navette de la Patrouille de l'Espace s’arrimait au vaisseau tritarnien. Ses passagers avaient essayé en vain d’établir le contact. Bien qu’il dérive et soit dans un piteux état, leurs instruments avaient détecté un faible signe de vie à bord, ce qui les empêchait de passer leur chemin sans procéder à une vérification plus poussée.
Privé d’un taux d’oxygène suffisant, Sarod avait perdu connaissance peu après son retour dans le poste de contrôle. Les patrouilleurs le re-trouvèrent ainsi affalé sur le sol dans un état comateux. Les hommes de la Patrouille l’emmenèrent immédiatement à l'infirmerie de leur vaisseau. Derrière la civière, alors que le tube de raccordement se rétractait, l’appareil tritarnien se disloqua brutalement avant d'exploser et disparaître à jamais.
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Texte soumis à la Société suisse des auteurs en 1989, protégé auprès de Copyright France.
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"Mark Storm - Tritarnia, la galaxie invisible" est publié c/o les Éditions Voy'[el]