| .... mouvementées, très mouvementées |
Choix de vacances
Pendant l’hiver déjà, alors qu’il faisait très froid, il était plutôt agréable de penser « vacances d’été », voyage, soleil, sable chaud, mer et repas du soir avec des fruits de mer et un bon petit vin. Plein plein d’idées me trottaient dans la tête, choisir le lieu, l’hôtel…et le moyen de locomotion…ah surtout le moyen de locomotion. D’emblée, j’avais exclu voyager en voiture, exclu les kilomètres, les autoroutes, les arrêts pipi, les arrêts bouffe et les arrêts repos. Je sais, je sais, des milliers de personnes chaque années font ça, et bien non, pas cette année pour moi…et pour ma petite famille, donc en tout trois individus. Bien sûr mon cher mari parlait de sa voiture comme d’une copine sans laquelle les vacances ne sont pas des vacances !!! …non non et non, et quoi encore ! Toujours ce cher mari, cette fois renforcé par une p’tite traitresse, notre fille, voulait me culpabiliser : « et Nicky alors, comment va-t-on faire ? » Nicky c’était notre petit chien adoré, un York de 3 ans qui nous avait accompagnés les 2 années précédentes. D’accord, j’aimais énormément mon chien, je l’adorais, mais j’avais tout prévu : il irait en vacance chez l’éleveuse (près de Genève) laquelle m’avait dit que ce serait même un plaisir pour elle de l’avoir pendant notre absence, et en plus elle allait le faire garder dans son appartement, avec promenade, repas, câlins etc. etc. etc…(faut dire que notre york était fils de champion, c’est pas rien ?) bref…alors…tout était pour le mieux, non ?
Bon, il faut que je donne là une explication, sinon on va me prendre pour une…( ?)
Alors voici :
L’année précédente nous étions retournés dans la villa que nous avions louée en Espagne, au bord de la mer, dans le Delta de l’Ebre : endroit superbe, villa superbe, vacances superbes, 3 semaines superbes….sauf que nous avons eu un accident de voiture. OH, je vous rassure, rien de grave, pilote et passagers indemnes et voiture aussi…enfin sauf un phare cassé. A plus de 100 kmh sur l’autoroute c’est vraiment du pot (bravo à la marque suédoise de notre engin) L’autre voiture qui nous avait fait une queue de poisson, ben… elle était réduite à l’état de poubelle mais, Dieu soit loué, ses deux occupants étaient indemnes eux aussi, un miracle collectif quoi.
Cependant, ce fut pour moi un gros choc émotionnel. C’est vrai ça, moi qui déteste les autoroutes surtout en période estivales, toutes ces voitures qui roulent le plus souvent n’importe comment. Brrr, depuis qu’on louait cette villa ça me « gonflait » de faire ce voyage de 1600 km. pour l’aller et autant pour le retour.
Voilà pourquoi j’avais décrété, à une seule voix, la mienne, que l’année suivante ce ne serait plus, mais alors plus tout ces km en voiture. F-i-n-i, ce sera en avion ou je reste à la maison (ça rime). Je sais, ça fait dictature, mais quelques fois cela a du bon, car j’ai eu gain de cause. Oh, il a fallu souvent rappeler ce dictat, car un certain pilote de rallye tentait de me faire changer d’idée. Il m’envoyait, en éclaireur sa fille (qui est la mienne aussi donc) tâter le terrain : « qu’est-ce que tu crois, maman chérie, c’est pas mal quand même la villa, heeiiinnn » ? NON et NON. Aussi, munis des catalogues de propositions de vacances où il fallait bien sûr « voler » pour y aller (en tout cas depuis chez nous, parce que la mer ce n’est pas tout prêt, et donc en bateau ?)……bref notre choix fut porté sur un beau pays, La Tunisie, oùsqu’il fait toujours beau, tout l’été en tout cas, (pas comme dans nos montagnes ousqu’il peut neiger même en août…bon je m’égare), et ceci dans une suite d’un Hôtel-Palace, la totale.
Et voilà comment furent choisies nos 2 semaines de vacances, tandis que la dernière semaine allait être passée ailleurs, on devait encore voir où.
Un départ plutôt « speed »
Bien sûr, il fallait aller en voiture jusqu’à l’aéroport distant de 127 km, oui… je sais, c’est peu, chez nous tout est tellement tout près. Je repassais dans ma tête la liste des effets et papiers les plus importants contenus dans mon grand sac à main, mais non, pas de problème, j’avais tout prévu, tout. C’est là que j’ai dû faire une erreur : comment tout prévoir ?
Après avoir garé notre véhicule (le trésor de mon mari) dans un endroit très sûr, à l’abri de tout quoi et hop, au guichet No 11 pour les dernières formalités. Très sûre de moi, je prenais tout en mains, enregistrement des valises, papiers, passeports, billets et tutti quanti, tout cela sur un tempo ma foi assez rapide, comme j’aime. Juste avant de quitter ce guichet, l’employé me montra un dernier «talon », ce qu’on utilise plus généralement, et me demande si vraiment je ne le veux pas car il va le jeter: « Jetez… c’est ça, jetez mon ami » (non, je n’ai pas dit « mon ami ») mais c’est un peu de cette façon-là que j’ai répondu. Nous voici donc galopant dans d’interminables couloirs, passant 2 ou 3 portiques sans rien faire sonner (c’était aussi prévu ça), et enfin dans la salle d’embarquement, ouf.
Nous étions installés depuis peu sur les sièges rembourrés que le haut-parleur se met à …parler et après 3 ou 4 seconde, nous réalisons que c’est NOUS que ce fichu appareil t…….
Oh stupeur, regards en accent d’interrogation, mon z’homme et moi nous nous levons, confiant à notre fille les rennes de nos bagages à mains, et nous voici repartis
au pas de course faisant en sens contraire tout le parcours du combattant, nous frayant un passage entre ceux qui venaient en sens inverse (c’est fou ce que les gens peuvent se coller en marchant), franchissant à nouveau les 2 ou 3 portiques-sonars, où les gardes nous scrutaient bizarrement et à qui je disais :
Nous voilà donc au guichet, haletants et cœurs battants et le même employé de tout à l’heure me dit :
Je regardai un peu mieux cette fois, et je vis que ce c’était nos réservations d’hôtel-palace ! He bien, nous avions frôlé la cata. Ne pas avoir ces papiers-là à l’étranger, n’avoir aucun justificatif, je vous raconte pas la galère (Seigneur, je ne savais pas, non alors pas du tout que la galère….mais vous verrez).
Je remerciais vivement l’employé qui me dit quand même, d’un ton un peu goguenard, que c’est par hasard qu’il avait revu ce que je donnais à jeter, à quelques minutes près la corbeille à papier allait être vidée par l’intendance. ! Brave homme va, vraiment.
C’est ainsi que nous n’avions eu que quelques minutes pour arriver à temps à l’embarquement, les passagers commençaient déjà à entrer par le sas menant à l’avion, sauf notre fille qui l’air misérable et désespérée se cramponnait à nos bagages à mains comme à une bouée de sauvetage. J’ai senti plus que vu deux paires d’yeux très réprobateurs me chatouiller mais je décidai de les ignorer.
Etrange réception I
Le voyage en avion s’était bien passé, l’humeur était revenue au beau fixe. A l’arrivée ce fut donc d’un pas alerte que nous nous étions engouffrés dans le car moderne qui nous attendait pour nous conduire à notre Hôtel (Hôtel Palace…je crois vous l’avoir déjà mentionné…si, c’est important, vous verrez). Le trajet n’était pas trop long et on nous annonça que nous arrivions. Regards curieux par la fenêtre car si on discernait l’Hôtel très illuminé, certes, mais tout aussi illuminée il y avait une barrière, gardée par des militaires fusils à bout de bras ? wouaah, quesqu’ya ? mais … c’est quoi ce b…
Le chauffeur s’arrêta en présentant une masse de papiers au soldat, il y eut un échangeant de quelques mots, non en fait de beaucoup de mots (rien compris, c’était de l’arabe). Le car est reparti jusque devant les grands escaliers menant à l’entrée de l’Hôtel. Tout le monde voulait savoir ce qui se passait. Notre agent de voyage sur place nous rassura en nous accueillant
Euh…ouais…mais quand même, comme accueil c’était étrange, nous devions manquer d’habitudes probablement : par exple, chez nous un Président se rend au Palais Fédéral (genre d’Elysée mais plus petit) en voiture, comme tout le monde, mais c’est vrai ça peut varier vu qu’on en change tous les 2 ans (de président), parfois c’est un chauffeur qui les transporte, on a même eu une Présidente qui elle prenait le bus ! et….. (oui, oui je sais, je sors du contexte). Bien sûr, je continuais d’ignorer les deux paires de yeux toujours très désapprobateurs qui me grignotaient l’épine dorsale et calmement je leur déclarai (aux porteurs des yeux) que maintenant on allait pouvoir intégrer NOTRE SUITE, nous rafraichir et prendre un bon repas.
Etrange réception II
C’est donc le cœur léger que je me présentais à la réception de l’Hôtel (Palace n’oubliez pas) où plusieurs employés affairés se chargeaient de faire diriger les futurs hôtes et leurs bagages par d’autres employés, subalternes ceux là. Je donne nos papiers d’hébergements à l’un des Messieurs bien habillé, costume noir-cravate, qui après un bref, trop bref regard sur son registre relève la tête et là, mon intuition me passa rapidement un message : il y a un os ! Quoi, quel os, non mais, n’avais-je pas assez ramé pour ce foutu papier d’hébergement propre en ordre (comme on dit chez nous) ça se passait dans ma tête bien sûr. D’une voix feutrée, l’homme en noir me dit qu’il y avait un petit contretemps, NOTRE SUITE était encore occupée par les hôtes précédents qui ne partaient, eux, que le lendemain matin. Non, là ça commençait vraiment à me gonfler. Respirant à fond pour ramener un calme qui avait tendance à me fuir je lui répondis que nos réservations étaient en bonne et dû forme par notre Agence de voyage, les fiches reçues à Notre Agence contenaient toutes les indications correspondantes, et non…c’était à l’hôtel de déplacer les hôtes usurpateurs et de nous loger fissa-fissa, in petto. Bon, d’accord, je n’ai pas dit tout à fait cela comme ça, j’ai enrobé du mieux possible mes récriminations mais, tout de même, mon regard devait je pense contenir lui quelques lueurs nettement moins enrobées celles-là. L’homme en noir nous rassurait, argumentait que l’Hôtel était complet, mais que pour une seule nuit, ce serait dans deux chambres l’une à côté de l’autre, au 6ème étage, vue sur la mer ?` ?` ? Oh comme je sentais que cela n’allait pas nous plaire, à moi et aux porteurs des yeux réprobateurs. Mais, avec la promesse que dès 10 h. le lendemain notre suite serait prête, nous avons pris donc pris un des ascenseurs, engins superbes, tout en verre et surplombant l’immense hall d’entrée avec un non moins immense salon adjacent. Pourquoi je vous donne ces détails ?…vous verrez bien.
Le garçon d’étage ouvrit les portes de ces chambres et oh stupeur, la chaleur qui s’y dégageait était…comment dire… infernale…ceci d’autant plus que nous avions été jusqu’alors dans une climatisation très agréable. Oui, ces chambres étaient pour une nuit, mais une seulement, car il n’y a avait pas de clim là ! Nous n’avions même pas ouvert nos valises, sauf quelques effets de toilettes, pris une douche, mais franchement rien n’y faisait, nous étions en nage. Après un repas à la salle à manger, enfin je dis un repas, mais, nous avions surtout bu de l’eau, des litres d’eau. Harassés, énervés, nous avons dû nous résigner à regagner nos fournaises, non sans que je repasse vers l’homme en noir pour rappeler que… 10.00 h. …demain …. suite … libre…, le refrain quoi.
Inutile de compter nous rafraîchir grâce à l’air nous arrivant du large par les fenêtres ouvertes, et bien sûr, nous n’avions pratiquement pas pu dormir. Nous nous sommes levés de méchante humeur, en plus je devais supporter les récriminations du mari et de la charmante fille issue d’un mariage d’amour…euh… ça… non, ça ne me venait pas vraiment à l’esprit juste en ce moment-là, je voulais uniquement une chose très très simple : nous faire loger dans la suite que j’avais fait réserver, punk schuss (ça c’est de l’allemand et quand je suis énervée, je parle allemand, alors que d’ordinaire j’évite, je n’ai pas les mâchoires pour…bon je m’égare, je m’égare !)
J’envoyai donc mon petit monde à la piscine pendant que, transformée en fantôme visible, je hantais les alentours de la réception, muette soit, mais visible. Quelques cafés me rendaient toujours plus nerveuse. Aussi, voyant arriver l’heure à laquelle cette fichue suite devait être libérée, je me ruais…non, en fait je m’avançais très calme vers l’employé en chef, sans mot dire, mes yeux parlaient pour moi (si si c’est comme cela que les fantômes furieux parlent).L’homme en noir qui s’attendait à ma visite, avait déjà préparé son speak:
Moi je n’ai retenu que le « dès que possible » et je déteste les approximations, je veux du clair, je veux du net.
En essayant de garder TOUT mon calme, et dieu sait que je n’en avais que très peu en réserve, je lui répondis que je comptais bien que, dès le repas de midi terminé, nous allions enfin pouvoir être loger de manière décente, à la mesure des frais conséquents versés à notre Agence, etc. etc. NON, non, non j’étais polie, mesurée, un peu comme les volcans en activité mais qui ne sont pas en éruption… pas encore. Il m’affirma que tout serait en ordre d’ici là…et !? il proposa de visiter une autre suite, libre elle, beaucoup plus grande, avec jardin, au rez-de-chaussée, qui allait nous plaire, mais bien sûr il y aurait un surplus à payer, oh pas beaucoup, seulement 500.- FRS ( 800 € !?) Hum… tss….je restai très soupçonneuse : pourquoi donc cette suite-là était libre d’abord puisque l’hôtel était complet, selon ses dires de la veille. Je décidais tout de même d’aller y jeter un œil, histoire de vérifier si mon instinct était toujours aussi bon.
Avec mon mari et ma fille nous nous y rendîmes, accompagnés d’un employé d’étage. Vaste appart effectivement, 3 chambres-grand salon-2 salles de bain, jardin, ou plutôt espace vert devant les grandes portes-fenêtres du séjour. Je vis tout cela d’un rapide coup d’œil, mon attention étant ailleurs : mais enfin quelle différence de température il y avait selon l’endroit où nous nous tenions. Je n’ai pas trop dû attendre pour en en connaître la raison : cet employé, soumis à mes questions-piège ne tarda pas à s’y laisser prendre :
NON, je sais par expérience que le mot rapide et sa signification reste quelque chose d’assez abstrait dans ce pays. D’autre part, notre guide, décidemment un peu naïf, nous conseilla, au cas où on s’y installerait, de ne pas quitter l’appartement sans avoir bien fermé portes et fenêtres en raison de vols….depuis les jardins….wouaah. Je ne voulais certes pas accabler ce brave homme, je ne dis rien de ce que je pensais du guignol de la réception mais rira bien qui rira le dernier. Nous sommes donc retournés chez lui, très froids (même si en nage) mais très fermes, et…que non, on préférait nettement être à l’étage dans la suite choisie, point barre.
Et c’est ainsi qu’en début d’après-midi enfin, nous nous installions, soulagés. Tout était parfait, il faut l’admettre, tel que choisi dans le catalogue, et surtout avec une climatisation fonctionnant bien (euh…peut être trop bien…mais vous verrez pourquoi plus tard).
Vite, promenade au bord de mer, baignade et rigolade plus repos sur le sable, un peu fatigués mais heureux, enfin nos vacances débutaient vraiment.
Oui bien sûr, avec nos lunettes d’approche on avait remarqué au loin un énorme bateau, ce n’était certes pas un paquebot de plaisance, mais plus certainement un navire de l’armée ?!…Ah mais oui…c’est bien sûr, le Président, le Palais…ben faut ce qu’il faut.
(et dire que chez nous, en Suisse, le Président et ses ministres se rendent en …..ah oui, ça je vous l’ai déjà dit, hein). L’avantage était que nous pouvions nager très rassurés, c’est du moins ce que j’ai dit aux deux paires de yeux, redevenus assez noirs du coup.
Découvertes…et variations
Les repas étaient excellents, le service très soigné, le personnel aimable. Le sous-sol très vaste contenaient boutiques, coiffeur, salons de thé, musique, bars, un peu comme les marchés, en plus soignés. Il y avait un salon de musique où un jeune groupe jouait une musique variée, mais souvent les derniers tubes de l’été, pas mal, pas mal du tout. Il semblait que tout était pour le mieux.
Et puis nous avons découvert la piscine, et là toute une faune d’hôtes très diverse. Il y avait les gens du nord, gros gras et blancs…quand je dis blanc c’était devenu assez rapidement crevette et enfin rouge, un rouge qui devait faire très mal. Il y avait aussi une dame anglaise, vers les 70 ans, maigre et efflanquée, mais là rien de trop anormal, non, mais c’était surtout ses seins : que je vous décrive ça : imaginez deux boules bien fermes, elles, recouvertes d’une peau supplémentaire de couleur indéfinie, jaunâtre je crois, et qui me rappelaient des demi-pamplemousses. Mais diable, qu’est-ce que ces pamplemousses faisaient là ? Eh oui, vous avez vu juste : les miracles de la chirurgie esthétique, bon là, d’accord, le miracle n’avait pas eu lieu. La dame anglaise était elle très contente apparemment, car elle se baladait, seins nus, sans aucun complexe. Etrange vision toutefois.
Il y avait aussi un vacancier avec la jambe droite dans le plâtre et, béquilles sous les bras, il arpentait le gazon, démontrant qu’il n’avait en rien perdu de sa prestance. Moi je craignais surtout qu’il ne s’étale, car il plantait ses béquilles n’importe comment : une sur le gazon et l’autre sur les planelles du bord de la piscine. Oui, j’ai bien dit « les planelles », lisses comme celles de votre baignoire, de couleur bleue, superbe la couleur, mais dangereuses au possible (pas la couleur, les planelles). Je n’avais pas encore vu de piscine entourée de ce type de revêtement. Normalement, le dallage est voulu antidérapant, n’est pas ? Et non, là c’était aussi glissant que marcher sur une savonnette. D’ailleurs c’est ainsi que ce brave homme s’était cassée la jambe, 2 ou 3 jours avant. J’avais remarqué effectivement que les baigneurs prenaient beaucoup de précautions en de sortant de l’eau et en longeant ses abords.
Il y avait donc un vacancier la jambe plâtrée et il ne tarda pas à avoir de la compagnie, si je puis dire, car un autre client de l’hôtel se cassa le bras, lui, au bord de cette piscine ce jour même. Du coup, je décidais d’y d’aller uniquement en savates de plages anti-dérapentes elles. Mais croyez le ou pas, JE suis quand même tombée sur le rebord de ces fichues planelles, car un fantasque de concepteur avait prévu une sorte de finition en rouleau, de même matière, juste à la lisière du gazon, c’était peut être esthétique mais alors plutôt casse-pipe Je l’évitais d’ordinaire, mais avec mes savates de plage j’ai dû être moins attentive. NON, je ne me suis rien cassé MOI, je sais tomber non mais. Je m'en tirai quand même avec un gros hématome à la cuisse, côté extérieur : ça n’était pas très esthétique bien sûr, mais finalement pas pire, entre nous soit dit, que les « demi-pamplemousses ». En plus, l’espace d’un instant, lors de ma chute j’ai entendu un ooohhhh (consterné) suivit d’un haaaaaahhh (soulagé) lorsque je me suis relevée très souplement comme si rien ne s’était passé. Je ris encore à ce souvenir.
Donc rien de bien graves, sauf une nuit un peu pénible, ma jambe droite « hématosée » étant le côté où je dors généralement. Cela me gênait bien sûr, mais ce qui me m’ennuyait le plus était mon œil droit, il me brûlait et il coulait. Le matin, stupeur en me regardant dans le miroir, mon oeil était gonfle, très gonfle (je ne dirais pas comme un demi-pamplemousse, soit), mais la paupière était complètement fermée et je ressemblais un peu à un pirate des mers du Sud, mais sans le bandeau, c’était nettement moins drôle. J’appellai la réception afin d’avoir l’adresse d’un ophtalmologue ou tout au moins un médecin. Là, l’homme en noir comme je le surnommais (parce que je lui en voulais encore) me répondit avec empressement que ce matin même il allait m’envoyer le médecin, qui viendrait consulter dans notre suite. Wouaah, décidemment cet hôtel (à part quelques …. bon ne revenons pas là-dessus) cet hôtel donc et son personnel était vraiment bien et j’en parlerai à mon Agence de voyage. Mais ça, voyez-vous, je devais très vite, mais alors très vite revoir ma copie très différemment.
Le médecin inspecta mon œil, ne trouva aucune piqure d’insecte, il me fit tout de même une piqure antiallergique en attendant sa visite le lendemain. Je ne voulais pas sortir déguisée en pirate et je me suis prélassée dans la chambre, me fit servir repas et boissons, recevant les visites de mes deux colocataires. Bien vite mon œil redevint presque normal vers le soir et ma foi j’en étais bien soulagée.
Le médecin revenu comme prévu diagnostiqua lui une réaction à la climatisation et me conseilla de l’arrêter pour la nuit. Je me dis que décidemment je n’échappais pas aux méfaits de cette garce de clim, soit parce qu’elle était en pane, soit parce qu’elle était trop performante. Bref, je retournai vite me baigner dans la mer, et aussi tremper mes jambes dans la piscine, assise au bord, accompagnée de mon mari, ma béquille à moi.
Oui, je parle beaucoup de la piscine, c’était un peu notre « quartier général ». La plage du bord de mer était très belle et assez fréquentée, mais le jardin entourant la piscine était vraiment grand et attrayant.
Intermède Ahmed, ce cher Ahmed
Ensuite, nous fîmes la connaissance d’un pilote d’avion, Ahmed. Grand, très bronzé et très aimable. Il faisait la ligne Monastir-Genève et/ou Côtes d’Azur, et entre-deux venait à l'hôtel où il avait une chambre louée pour la saison par Tunis-Air.
On le voyait donc à peu près tout les jours.
Son frère était là aussi, mais lui était en vacances avec sa femme, suisse de Genève, et leur enfant. Nous avions sympathisé Ahmed était cultivé et nous aimions bien sa compagnie. Après lui avoir narré nos problèmes lors de notre arrivée et notre intention de réclamer à notre Agence de voyage en rentrant, il nous demanda de ne pas être trop durs, il connaissait bien le directeur de cet hôtel, personne très compétente. Probablement que c’était la réception qui avait dû faire une erreur etc etc. Bon, c’est vrai que ça peut arriver, donc on allait oublier ce contretemps. Cela lui fit tellement plaisir qu’il nous proposa d’aller dans une station distante de plusieurs km, où il nous invitait à prendre un repas dans un hôtel super chic où nous serions reçus comme des rois, sur une terrasse au bord de la piscine et vue sur la mer (sans bateaux de guerre à cet endroit).
Rendez-vous fut pris pour la semaine suivante. La compagnie d’Ahmed joua un grand rôle par la suite
Etranges évènements
Ce matin-là donc, aidé d’un œil neuf je voyais les choses en rose, tout allait pour le mieux, enfin c’est ce qu’il me semblait. C’est alors qu’une rumeur traversa tout le jardin et Ahmed vint nous prévenir : le Directeur de l’hôtel avait été limogé dès son arrivée tôt le matin, il n’a même pas pu pénétrer dans l'hôtel. Il aurait même été assez bousculé par deux gardes alors qu’il insistait pour entrer (je vous ai dit qu’il y avait partout des gardes parce que le palais du Président était tout proche et que….bon d’accord, je ne vais pas tout répéter).
A la file indienne, les hôtes vinrent aux nouvelles et nous aussi, mais les employés n’étaient pas là…personne…nada, à part une garde de 3 ou 4 militaires devant l’entrée. Diable, serait-ce une révolution ! Assez interloqués quand même, nous avons envoyé Ahmed en éclaireur, il fallait que nous soyons renseignés, non mais, le client n’est-il pas Roi ? Je plaisante là, mais je vous assure que lorsqu’Ahmed revint nous avertir que tout le personnel s’était mis en grève, cela jeta un froid (là je crois que si la clim avait été en panne, je n’aurais rien remarqué). Cette nouvelle nous a dans un premier temps stupéfiés : mais…mais non, il n’y a pas de droit de grèves dans ce pays-là, on n’est pas en France quand même, ni même en Suisse (où elle est libre bien sûr mais rarement utilisée, on se demande après pourquoi…oui bon je m’égare).
On remarqua très vite qu’effectivement tout le personnel était absent, donc pas de nettoyage, pas de repas. Quoi ?! pas de repas ?! Nos estomacs ne firent qu’un tour, Pour nous, européens en surpoids (mais non, pas nous tss tss), n’allions tout de même pas devoir nous passer de manger, le nettoyage boff, mais la bouffe ? Là, nous étions tous très remontés et ont se mit à échafauder des plans pour pouvoir se nourrir : monter des commandos pour faire une razzia dans les cuisines, ramener tout ce qu’on pourrait et, si cela durait, prévoir nommer des cuisiniers/ères qui à tour de rôles…..etc. etc. Ces plans étaient sérieusement envisagés, croyez-moi, et pour ma part, je pensais me porter plutôt volontaire dans le commando (pour être franche je n’avais pas du tout envie de cuisiner, moi).
Nous sommes donc retournés à la piscine, continuant nos discussions et Ahmed vint alors nous avertir que pour le midi, quelques employés avaient été envoyés par le personnel en grève pour nous servir des repas froids au restaurant de la plage-piscine. Quelle étrange journée, nous ne savions pas trop quoi penser.
J’allais téléphoner au représentant de notre Agence que j’ai pu atteindre qu’en fin d'après-midi. Il était au courant de la situation et me rassura, le personnel allait reprendre leurs fonctions le soir même.
Effectivement, nous les avons à nouveau tous revus à leurs postes, l’air sombre, sans parler, l’homme en noir de même (non…rien). Le repas, avec 1 h. de retard, fut très soigné, mais tous les hôtes chuchotaient à leur table, se taisant lorsque les serveurs approchaient. Il y avait une atmosphère surréaliste, ce d’autant plus que l’hôtel était encerclé par des gardes armés et deux vedettes militaires sillonnaient assez près des plages ? On riait souvent, entre tables, mais ces rires cachaient tout de même une certaine nervosité.
Nous n’avions pas peur, mais cette situation inusitée nous laissait perplexes
En fait voilà ce qui s’était passé : des représentants, probablement du gouvernement régional, avaient réunis le personnel au complet et avaient dit en substance:
« soit vous reprenez immédiatement le travail, soit vous partez d’ici. Ceux qui quitteront leur poste n’auront pas leur salaire courant versé, et ne pourront plus jamais retrouver un emploi dans ce pays »
Ce fut donc très explicite et tout repris comme si rien ne s’était passé. Nous étions cependant quelque peu choqués de la tournure de cet évènement.
Le personnel en fait n’acceptait pas le départ de leur directeur qui était très apprécié. Ils ont réagi sans prendre le temps de la réflexion, selon Ahmed, car leur action de grève aurait pu leur coûter beaucoup cher. Mais voilà, en période estivale ou le tourisme atteint son pic dans l’année, il ne pouvait pas y avoir d’autres sanctions prises. Nous nous demandions ce qui pouvait se passer, plus tard, pour ces gens là. ? Nous ne l’avons d’ailleurs jamais vraiment su. Nous avons marqué notre sympathie aux employés, sans trop de paroles, mais je crois qu’ils ont apprécié
Journée de détente, je précise bien : « journée »
Comme tout rentrait dans l’ordre, nous avions repris nos occupations vacancières. Pour nous changer les idées, nous avions fait le voyage à Tunis pour visiter la Grande Medina. Le car nous déposa tout près de l’entrée principale. Un guide tunisien, en djellaba noire (décidément cette couleur me suivait) nous y conduisit. Très sympa le guide, il s’occupait de notre bien être, pour le repas, pour la visite, pour nos achats dans les diverses boutiques, il faisait bien son boulot. Le guide nous fit connaître un petit artisan et a parlementé pour nous sachant que mon mari faisait collection de sabres, épées et poignards. Le marchand nous a vendu un très beau poignard bédouin que nous avons encore maintenant.
A un moment, le guide est venu vers nous discrètement et, tout en regardant notre fille, nous dit de prendre bien garde à elle, de ne pas la laisser s’éloigner, il y a toujours des risques pour ces très jeunes filles à se retrouver seule dans la foule. Comme deux rapaces ou deux tigres (au choix, j’aime bien ces animaux), nous avons dès lors surveillé notre progéniture (qui valait environ 40 chameaux selon le guide). Notre fille, également mise en garde ne nous quittait pas d’un pas.
(Bien quelques fois, plus tard, lorsque notre chère fille nous fâchait, je repensais aux 40 chameaux…c’était quand même une petite fortune, non ? Mais bien vite je chassais ces pensées indignes d’une mère, bien sûr).
Ce fut une belle journée où nous avons quelque peu oublié les péripéties d’hôte d’un Hôtel-Palace. Arrivés le soir, après un repas dans un restaurant au dessus de la mer, heureux mais très fatigués, nous avons bu un dernier verre dans le salon du hall, assis dans des fauteuils cossus, parlant et plaisantant. Peu à peu les gens se retiraient et je décidai pour tous qu’on allait faire de même, je me souviens avoir dû insister, car notre fille voulait encore y rester.
Après une bonne douche, sans même lire comme à l’accoutumé, nous nous sommes tous couchés. Vous pensez peut être que ce n’est en rien intéressant de décrire ces derniers moments avant de dormir ?…vous vous trompez, notre fatigue qui nous a fait déserter le salon nous a sauvé d’un évènement qui aurait pu avoir de graves conséquences pour nous tous.
Là, ça n’a rien d’une péripétie…
Il était plus de minuit et je ne dormais pas encore vraiment. Soudain, une déflagration nous fit tous bondir hors de nos lits. On se dit que ce devait être l’explosion de bonbonnes de gaz dans les cuisines et mon mari en robe de chambre suivi de notre fille, est allé aux nouvelles. Moi, en chemisette transparente et de la crème de nuit plein le visage, j’attendais à l’intérieur pour en savoir plus. Le temps passait et j’étais prête à quand même les rejoindre lorsqu’ils sont revenus, le visage plutôt grave. Il y avait de quoi, car une bombe venait d’exploser dans le grand hall-salon, 2 fauteuils avaient été projetés en l’air de plusieurs mètres et les vitres tout autour en partie brisées dont celles des 2 ascenseurs vitrés. Quand tous deux me dirent que les fameux fauteuils étaient ceux sur lesquels nous étions installés peu avant !!!!………
Voyez-vous, sur le moment, on ne réalise pas vraiment. D’abord on se dit qu’on nous avions eu une sacrée veine, et nous étions aussi soulagés que personne n’avait été blessé, le hall étant pratiquement désert à ce moment-là. C’est par la suite, cherchant à nous rendormir, que nous avons réalisé que nous étions des rescapés, des miraculés en quelque sorte et j’en remerciais le Ciel.
Au matin, c’est dit, nous voulions partir, quitter cet endroit infernal. C’est d’ailleurs ce que deux personnes avaient fait, le matin même, pour aller s’installer dans une autre station. Nous avons attendu la visite de notre représentant de l’Agence de voyage afin de voir avec lui comment nous faire rapatrier, comment changer nos billets d’avion de vols charter contre des billets de vols de ligne, etc etc etc. C’était très compliqués, les avions étaient complets de toute façon, bien avant cela, donc à moins d’attendre que 3 hypothétiques places se libèrent, dans le même avion, ou en affréter un pour nous seul ( !?) ….vous voyez le topo.
Deux hôtels dans 2 autres stations avaient connu le même scénario, la même nuit, et dans l’un des hôtels il y avait eu tout de même une blessée atteinte sérieusement aux jambes
Nous avons appris très rapidement l’arrestation de 3 jeunes gens, opposants au régime, qui avaient posé ces bombes. Heureusement, celles-ci étaient de fabrication artisanale sinon les conséquences auraient été bien plus graves.
Nous ne savions pas trop que faire : partir en avion était quasi impossible, comme nous faire rapatrier par notre assurance REGA (rapatriement en cas de blessure) qui ne nous couvraient pas en l’occurrence). Aller ailleurs en Tunisie, ah non merci, ce pouvait être bien pareil, Finalement, avec toutes les « assurances » des gouvernementaux et des agences de voyage, nous avons décidé, comme la majorité, de rester la dernière semaine. La sécurité fut renforcée sortir et rentrer nécessitait des papiers d’identité. Il faut bien se dire que ce n’était de loin pas encore l’époque du « terrorisme » actuelle, sinon……….
Ahmed et son invitation
Ahmed était très malheureux pour nous et pour tous les autres aussi, bien sûr. Bref, nous voulions terminer nos vacances du mieux possible et en profiter malgré tout. Ahmed nous reparla de son projet de repas dans ce très grand hôtel de son choix, il voulait absolument nous faire oublier ce qui s’était passé. Il avait aussi offert de très beaux bijoux en argent que notre fille a pu choisir elle-même. C’était très touchant de le voir aussi attentif envers nous (et notre fille !). Nous avons donc accepté son invitation. Il est passé nous prendre avec sa voiture à l’hôtel en fin d’après-midi.
Nous roulions donc en voiture, la sienne : je pense n’avoir jamais vu ni roulé avec ça…je dis ça, parce que cet engin (rouge je crois, enfin presque) cet engin donc pouvait tout aussi bien être un tracteur pour le bruit, une nacelle de fête foraine pour l’intérieur, une épave pour son look, et bien sûr une couche de poussière incroyable la recouvrait. Nous n’avions rien dit, est-ce qu’on était maintenant habitués aux choses étranges ? Probablement.
Ahmed conduisait d’une manière invraisemblable. Il parlait en se retournant constamment vers nous, installés à l’arrière, regardant la route que de temps à autre, et tenant le volant d’une main car l’autre servait à scander sa conversation, comme les italiens, mais en pire. J’étais fascinée que la << voiture » puisse être maintenue bien à droite malgré tout et les virages négociés très correctement. Ahmed tout en se retournant changeait les vitesses exactement quand il le fallait. Je me disais qu’ayant échappé aux fauteuils projetés, j’allais peut être aussi échappé a un accident de voiture, je crois que je devenais terriblement fataliste.
Ahmed voulait que nous prenions l’apéritif en route, dans un village qu’il connaît bien. Il s'est donc arrêté juste devant une terrasse de café en freinant rapidement, mais sans trop et se gara là très vite, pratiquement devant les chaises. La terrasse était bondée, uniquement des hommes. Wouaah, j’hésitais vraiment sortir de la … << voiture », franchement, et notre fille aussi d’ailleurs, avec toutes ces paires d’yeux foncés nous scrutant bizarrement me semblait-il. Mais dès que Ahmed (un compatriote) ouvrit les portières pour nous faire descendre (grande classe Ahmed) il m’a semblé que les regards devenaient plus aimables, enfin moins sombres quoi. Le patron du café a fait signe à quelques clients de céder leurs places, ceux-ci le firent tout en parlant calmement et se sont installés à l’intérieur. C’était vraiment sympa.
Lorsque nous sommes arrivés devant ce splendide Hôtel, plus grand encore que notre Hôte-Palace, Ahmed a pu garer son… »véhicule» a proximité de l’entrée, sans problème. Nous avons pris l’ascenseur (non celui-ci n’étais pas de verre) jusqu’au ler étage. Là, je me posais des questions, Ahmed avait bien dit, que le repas serait servi dans les vastes jardins de l’hôtel près de la piscine (encore une) à proximité de la mer, donc pour moi à fleur de l’entrée. Je n’ai compris que quelques instants plus tard. Ahmed voulait nous présenter au grand Directeur de l’Hôtel. Celui ci nous accueilli très aimablement et nous fit apporter un apéritif superbement garni sur sa terrasse personnelle, surplombant les jardins. Ahmed avait dû certainement parlé de nos déboires et, pour cette raison, ce Directeur, ainsi que le personnel gravitant autour de lui, nous traitaient comme des VIP.
Ma foi, c’était très agréable, je me suis vite sentie à l’aise. Je ne suis certes pas accoutumée du fait, mais je m’adapte très vite aux situations. Mon mari, qui a un genre « gentleman anglais » ne parle pas beaucoup, mais fait toujours une excellente impression. Quant à notre fille, avec ses cheveux blonds et son bronzage doré faisant ressortir ses yeux bleus, était à croquer dans sa robe style gitane ou…indienne, enfin très jolie et captait tous les regards. Et moi ?….ben, pas mal du tout non plus.
L’apéritif terminé, le Directeur nous pria de le suivre et nous ouvrit la marche vers des escaliers qui descendaient en torsade menant aux jardins splendidement éclairés. L’orchestre qui jouait au bord de la piscine changea soudain de mélodie pour jouer…notre tub préféré (encore Ahmed) Les serveurs s’arrêtant un court instant, en regardant leur Directeur qui nous précédait, a fait que beaucoup de clients firent de même, machinalement. Pendant quelques très brefs instants nous avons été les personnes les plus importantes. Vous trouvez que j’exagère ici, non non , je décris tout très franchement et je n’ai pas honte de dire que j’avais beaucoup aimé ça.
Retour et la surprise d’Ahmed
Voilà, cette soirée fut magnifique et j’en garde encore un souvenir ému, ce sont des moments privilégiés qu’il faut apprécier lorsqu’ils viennent.
Les jours qui nous restaient ont été plus calmes, une ou deux petites excursions encore, baignades, soleil, piscine, repas comme toutes vacances au bord de mer qui se respectent.
Le retour se faisait proche et, un peu nostalgiques quand même, nous avons fait nos valises. Les moments intenses vécus, les péripéties étranges de notre séjour étaient encore très présentes dans nos pensées.
Ahmed pensait pouvoir être aux commandes de l’appareil le jour de notre rentrée. Normalement, il avait l semaine sur 2 la ligne Monastir-Côte d’Azur en alternance avec Genève. Il allait essayer de faire l’échange avec l’autre pilote, genre de chose qui était possible. Mais la veille de notre départ, il n’a pas pu faire cet échange de ligne, il en était très déçu et nous aussi. Il nous dit cependant qu’il y aurait une surprise pour nous dans l’avion. Nous n’avions sur le moment pas pensé ce que cela pouvait être, trop de choses encombraient nos esprits. Nous avons donc quitté Ahmed en l’invitant à passer quelques jours en Suisse, chez nous, en automne, dès qu’il aurait des vacances.
Nous avons quitté notre hôtel-palace maudit (comme on le disait ironiquement) et avons repris très vite les gestes machinaux des départs : valises à faire enregistrer, billets d’avion à présenter, billets d’embarquement (c’est vrai que j’avais mis un soin tout spécial à mettre en place ces précieuses pièces dans mon sac). Entrée dans l’avion sans problème, places trouvées rapidement et voilà, l’avion quitte le sol. Malgré moi je regardais par le hublot si les ailes étaient bien à leur place ! si pas de flamme sortant des réacteurs ! Non mais…vous riez !… ce sont des choses qui peuvent arriver, je sais maintenant que tout peu arriver.
TOUT, vraiment ? Oh comme je me trompais, mais alors complètement parce que ce qui a suivi, croyez-moi ce n’était pas du tout prévisible.
Notre retour se passait bien, on parlait de tout et de rien, ce qu’on allait faire arrivés chez nous. Mon mari pensait à sa chère voiture, parquée à Genève. Ma fille pensait aux jours de vacances qui lui restaient avant de reprendre le chemin du Collège et moi, je décidais que, tout compte fait, j’avais bien le temps de penser aux dossiers qui devaient s’accumuler sur mon bureau. Tout à coup, le micro (oh encore lui) demandait notre attention, les gens se sont tus et voilà que le Commandant de bord dit : « nous demandons à la famille (on va dire XYZ) de bien vouloir se rendre dans le poste de pilotage, je répète……….
????!!!!^^^^Damned, qu’est-ce encore, mais qu’est-ce encore que ça ?! Je me levais de mon siège regardant devant et derrière moi, mon mari se leva aussi, notre fille itou, et là, une hôtesse souriante arriva et nous demanda si nous sommes bien la famille XYZ…euh...oui… répondons-nous abasourdis. L’hôtesse toujours souriante nous demanda de la suivre.
Non, c’était trop, c’était vraiment trop, des centaines de yeux nous regardaient, nous transperçaient, des milliers de points d’interrogation nous submergeaient, et là nous avons pensé à Ahmed et sa fameuse surprise à laquelle nous ne pensions plus, mais alors plus du tout. Je revois ma fifille rouge, mais rouge comme une pivoine, ne sachant plus où regarder et mon mari qui avançait le regard fixe, lui. Je n’en menais pas large non plus sur le moment.
Nous voilà dans le poste de pilotage, nous sommes reçus très aimablement par le Commandant, son copilote et par le radio. On nous dit qu’Ahmed avait voulu nous faire une surprise et qu’ils étaient très contents de nous recevoir. On ne savait pas trop quoi dire, il y avait tellement à voir, c’est fascinant un poste de pilotage d’un grand avion. Il y a partout des écrans, des appareils des aiguilles des tas de trucs…..et aussi ce vide, là devant nous, le nez de l’avion comme un tremplin. On nous expliquait diverses choses, auxquelles je n’ai rien compris bien entendu, et on nous demanda à un moment de ne plus parler car le radio était en communication avec la tour de contrôle de Genève. Lorsque fut venu le moment proche de l’atterrissage, nous avons rejoint nos places, recevant de plein fouet encore une fois tous ces regards, mais, cette fois-ci, plus décontractée, je me dis que tout compte fait je devais maintenant être habituée aux bizarreries de ces vacances-là..
Une fois nos bagages récupérés, nous nous sommes dirigés vers l’endroit où nous avions garé notre voiture (enfin… le trésor de mon mari) et oh miracle, elle était là, bien là, parce que à un moment on s’était dit que ne pas la retrouver ne nous aurait pas semblé étrange, énervant oui, mais pas étrange.
Nous sommes rentrés chez nous sans aucuns problèmes et du coup, pour vraiment avoir une dernière semaine de vacances CALME, et bien nous avons décidé d’aller dans notre sud à nous, et en voiture, oui messieurs-dames.
Comment ? mais… bien sûr qu’on a un sud en Suisse (faut quand même obligatoirement passer un col de montagne si on y va en voiture). C’est un de nos cantons, le Tessin, qui a des frontières en grande partie avec l’Italie du Nord. Une vraie perle que cet endroit de notre pays. C’est assez cher oui, mais on mange bien, on a un soleil magnifique, deux lacs superbes, des hôtels très accueillants (quand on réserve, tout est fait tip top, ça c’est la ponctualité suisse, bref, excusez-moi, je suis en train de parler comme un dépliant de vacances).
Avec ces vacances-là on peut affirmer une chose :
on aurait voulu, qu’on n’aurait pas pu.
Conclusions
Par la suite, je me suis vraiment remise en question : voulant fuir un péril possible en roulant des milliers de km en voiture, nous pouvions tout aussi bien avoir rencontré ailleurs le moment que chacun craint, en fait. Les étés suivants, et même pendant l’année, je ne me suis plus, ou presque plus, souciée autant, tout en restant prudente certes, mais bien plus sereine.
J’ai retrouvé le carnet où j’avais noté toutes ces péripéties au fur et à mesure, qu’elles se passaient et, pendant bien des années, je ne savais pas où je l’avais rangé. Je l’ai retrouvé assez récemment en cherchant tout autre chose, comme c’est souvent le cas.
J’ai eu envie d’en faire un genre de « nouvelle ». Les péripéties relatées sont rigoureusement vraies.